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Article paru dans le bulletin N° 25
Le Professeur Claude
Massé, Président fondateur et
Président d'Honneur de Racines et Rameaux
Français d’Acadie, est né le 6 juin
1923 à Bordeaux, où son patronyme se
révèle depuis au moins deux siècles,
il plongeait ses racines dans le sud-ouest:
Pyrénées-Atlantiques, Dordogne et
Charente-Maritime.
Mais c'est par sa
grand-mère maternelle, Jeanne-Charlotte Pougny, brestoise,
fille d'un médecin de marine, qu'il est issu, par leur fille
Marie-Louise, née au Palais en 1773, du couple acadien Paul
Daigre, fils d'Honoré et Françoise Granger, de
Grand Pré, et Agathe Leblanc, fille d'Honoré et
Marie Trahan, de Pisiguit, mariés à Morlaix le 29
octobre 1764 et afféagistes de la concession n° 29
à Belle Ile. Ils quittèrent Belle Ile en 1769
pour s'établir, successivement à Etel,
Port-Louis, Riantec, de nouveau Port-Louis "dans les fermes du Roy" et
Ploemeur. C'est à Ploemeur que Marie Louise Daigre, future
bisaïeule de Jeanne-Charlotte Pougny, épousa le 12
janvier 1791, Jean-Pierre Brugnon, natif de Morgny en
Thiérache.
Aujourd'hui, la mémoire attentive et discrète, le chercheur inlassable de l'Histoire de nos familles acadiennes a disparu, sans nous avoir livré totalement l'étendue et la richesse de son savoir. La recherche de mes ancêtres bellilois m'avait, alors, mené jusqu'à l'acte de baptême de Pierre-Michel Granger en 1769 à Bangor quand je découvris que ses parrain et marraine, Michel Boudrot, oncle par alliance, et Marie Josèphe Granger, sa tante paternelle, étaient mentionnés comme Acadiens, information pleine de mystère pour moi qui n'avait pu aucunement bénéficier d'une quelconque tradition orale. L'annuaire du Centre Généalogique de l’Ouest, paru en 1973, et dans lequel il avait indiqué une pleine page de patronymes me permit de découvrir les miens et les mêmes lieux, m'avait incité à lui écrire. Sa réponse attendue, fut aussi chaleureuse que courtoise: "Votre lettre m'a été l'occasion de me plonger dans mes papiers.... Je pense que notre cousinage peut donner lieu à une figure géométrique beaucoup plus complexe et intéressante que celles qui sont actuellement publiées.." Son souci, déjà exprimé, était "la recherche sur les origines des familles acadiennes". Il m'ouvrait, ainsi et sans restriction, les portes de l'Acadie, "ce monde ... qu'on nous dit qu'il est réellement quelque part...." mais qu'il connaissait déjà, tout en m'indiquant le nom des rares chercheurs enthousiastes qui, avec lui, furent les défricheurs de nos connaissances actuelles, Marguerite Daligaut, Maurice Caillebeau, eux aussi disparus, et Fernand-René Perron. Ses connaissances et sa conviction forte de ces racines que nous sommes nombreux à partager avec lui, l'avaient tout naturellement amené à répondre affirmativement à la question peu incongrue posée lors du Symposium International de Moncton en 1978:
" Y a t'il vraiment une survivance
acadienne en France?.
"
Neuf ans plus tard, en mai 1987, alors que nos échanges s'étaient poursuivis, s'était tenu à Nantes, le 5ème Congrès des Amitiés Acadiennes, sous la présidence de notre "cousin", le regretté Docteur Joseph Ollièric, et en présence d'Antonine Maillet, venue, entre autres, inaugurer la rue des Acadiens, dans le quartier de l'Hermitage. J'y avais retrouvé André Thomas, et tout comme Fernand-René Perron, nous assistions à l'Assemblée générale de cette Association. Sur l'insistance d'André, j'avais osé, en fin de séance, exprimer au Vice-président Bertin, le souhait de voir se développer dans la revue, une rubrique ayant trait à la généalogie des familles acadiennes, suggestion qui fut balayée d'un revers de manche, car, nous fut-il répondu, cela n'intéressait personne. Alors qu'existaient déjà, sur le territoire, plusieurs associations essentiellement vouées aux "lieux d'existence" des Acadiens après le "Grand Dérangement" et à l'accueil des cousins d'outre-Atlantique, nous convînmes, ce jour-là, André et moi, de susciter la création d'un cercle axé sur le recueil des informations et de la mémoire acadienne. Nous n'étions pas les seuls certes à le penser, mais afin que nul n'en ignore, je conserve copie du courrier que j'adressais, de mon côté, à Claude Massé, prônant une ‘’association autonome.... s'insérant dans le fait acadien au niveau national’’. C'est alors qu'en octobre suivant paraissait, sous sa signature, une circulaire proposant la création de "Racines et Rameaux Français d'Acadie", énumérant les buts, avant tout d'ordre généalogique, qu'il assignait à ce projet: rechercher les racines, inventorier les rameaux, établir un tableau de survivance acadienne en France, tout en entretenant des relations avec les associations existantes auxquelles il ne cherchait à se substituer, mais en jouant la complémentarité en raison des buts spécifiques poursuivis. La voie était tracée. Le 19 mars 1988, à Nantes se tenait l'Assemblée Générale constitutive de l'Association avec l'adoption des statuts proposés, suivie de l'élection du conseil d'administration puis du bureau, qui le portait à la présidence. Dès lors, les rencontres annuelles de R.R.FA. eurent, pour cadre, des sites de "notre" mémoire, la première à Belle-Ile en Mer, les 27 et 28 mai 1989 où il déclarait à la presse vouloir "aboutir à une véritable sociologie du sujet et sortir le cheminement acadien des brumes mythologiques et romancées qui l'enveloppent". Remarquable historien, fin conteur, qui ne se rappelle pas les sujets qu'il aborda lors des assemblées générales? : la vie de Marguerite-Ozithe Le Blanc, à la Citadelle de Belle-Ile en 1989, le souvenir du Capitaine Granger, le destin de l'Abbé Puech à Quinsac, en 1993, entre autres. En mai 1989, Claude Massé eut la charge, en tant que Président de l'Union Régionale des Cercles d'Aquitaine, d'organiser à Bordeaux, le 11ème Congrès de la Fédération Nationale de généalogie. Malgré une "alerte" lui imposant un nécessaire repos avant une intervention chirurgicale, il eut à cœur d'en suivre la préparation et le bonne exécution, prononçant lui-même une communication sur "La recherche généalogique acadienne en France", veillant aussi à la présentation d'une conférence sur les familles Trahan en France aux 18ème et 19ème siècles et me confiant, enfin, la réalisation d'un stand sur la descendance de Guillaume Trahan. Il se réjouissait alors que pour la première fois l'Acadie soit représentée à un Congrès national. Une première réalisation qu'il avait souhaitée est presque à son terme, tout au moins matériellement, grâce à l'informatique, un début de connaissance, à ce jour, de la survivance acadienne en France, mise en oeuvre par André. Mais la tâche reste inachevée, quant aux racines particulièrement. A nous de la poursuivre. Michel
Sauvée
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